Retour à la page principale

III.1. Résidentiel

Les émissions de GES du résidentiel sont constituées des émissions de GES produites lors de la combustion d’énergie sur place, principalement pour le chauffage, mais également pour l’eau chaude sanitaire et la cuisson.

A cela, il faut ajouter les émissions de GES liées à la production d’électricité ou de chaleur distribuée par réseau de chaleur. Ces émissions entrent dans la comptabilité nationale dans le poste “industrie de l’énergie”. Un regard croisé doit donc se faire entre ces deux secteurs car la conversion à l’électricité ou le passage sur un réseau de chaleur diminue les émissions associées au secteur résidentiel mais augmente en contrepartie celles associées à la production d’énergie.
Un dernier poste non négligeable est celui de la construction de logements neufs ou la rénovation de logements. Rénover une part significative des logements aura pour conséquence d’augmenter les émissions de GES liées à la construction de logements. Pour autant, il semble important de consacrer une part significative de notre budget carbone actuel à la rénovation thermique, en commençant par les habitations les plus énergivores, pour garder un certain confort thermique tout en réduisant nos consommations d’énergies liées au chauffage dans les décennies à venir.

Diminuer fortement les émissions de GES du résidentiel passe en premier lieu par une approche de sobriété et de diminution des besoins. Nous prenons ici une approche résolument ambitieuse sur la rénovation, qui semble plus acceptable que d’interdire le chauffage en hiver.

En visant 1 000 000 de logements rénovés par an d’ici 10 ans, cela signifie qu’il faut dès maintenant mettre en place la plus grande filière de formation jamais réalisée en France avec l’objectif de former 50 000 nouveaux artisans de la rénovation par an, dès 2020. Cela nécessite également de créer des vocations pour ce métier, et que celles-ci se répartissent convenablement sur l’ensemble du territoire, en particulier dans les milieux moins urbanisés où l’on retrouve le plus de précarité énergétique.

Cet effort seul ne suffira pas et il faut également adopter des mesures de sobriété en limitant la consommation de chauffage, et donc la température intérieure des logements.

Le tableau suivant est un exemple de bloc de mesures types permettant, en les appliquant toutes, de réduire suffisamment nos émissions de GES pour s’inscrire dans une trajectoire compatible avec l’objectif de 1,5°C pour le secteur résidentiel.

Mesure 1 - R1

Augmenter rapidement le nombre de logements rénovés chaque année et rendre obligatoires les travaux à très haute performance environnementale.

Commentaire : Création de 50 000 emplois par an pendant 10 ans, ce qui nécessite des filières de formation, d’encadrement et des volontaires pour devenir rénovateurs.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois :

-Incitations financières, par exemple par la création d’un fonds public de financement, par le recours à l’OPAH,… pour la rénovation thermique (isolation performante) des logements privés avec priorité donnée aux “passoires thermiques”.
-Favoriser l’utilisation des matériaux bio-sourcés et locaux, et les alternatives au béton en accompagnant les filière chanvre, terre, paille, bois, laine et les artisanEs utilisant les techniques d’éco-construction (Ressources locales : Atlanbois, Eco-Pertica, Compaillons, Ecologis-bois, Association Escampe, Dômes et Paligloo, Espace Info Énergie, etc.).
-Soutien aux chantiers participatifs et/ou d’insertion pour développer les compétences et limiter les coûts de chacunE.
-Ouverture de nouvelles formations techniques de l’AFPA.
-Soutien logistique (mise à disposition de bâtiments par les villes) à toutes les entreprises du bâtiment répondant aux exigences de “climato-exemplarité (cf annexe)”.

Mesure 2 - R2

Viser systématiquement la norme BBC rénovation.
Passer de 200 000 rénovations en 2019 à 1 000 000 de rénovations par an d’ici 2027 puis maintenir ce taux.
Commentaire : L’approche Dorémi (Negawatt) ou l’expérience P2E (The Shift Project) ne sont pas discutées ici, seul l’ordre de grandeur de l’effort à faire en matière de rénovation importe.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Pour la Sarthe, renover 10 000 logements par an jusqu’en 2029 (taux de rénovation multiplié par 5).

Mesure 3 - R3

Augmenter le renouvellement des équipements de chauffage pour passer de 400 000 à 1 200 000 équipements de chauffage renouvelés par an d’ici 2026, puis maintenir ce taux de renouvellement. Les renouvellements ne peuvent se faire qu’en chauffage principal solaire, géothermique, pompe à chaleur air/eau, bois ou alimenté au biogaz. Les logements chauffés au fioul sont prioritaires sur le remplacement. En 2026 plus aucun chauffage au fioul n’est autorisé. Les chauffages au gaz naturel et électriques de type convecteur électrique sont progressivement remplacés.

Commentaire : Les filières de remplacements sont diverses, à adapter en fonction du contexte local, de la disponibilité d’un réseau, de l’ensoleillement ou la présence de potentiel géothermique. L’absence de droit à l’erreur impose de former des techniciens capables d’apporter un conseil pertinent sur tout le territoire, et de multiplier les moyens des espaces info énergie.
L’alimentation au biogaz se fait soit par injection sur réseau spécifique, soit par utilisation du réseau de gaz naturel avec un système de certificat de garantie d’origine du même type que pour l’électricité.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Incitations financières, par exemple par la création d’un fonds public de financement, par le recours à l’OPAH,… pour le système de chauffage des logements privés.
-Soutien de la filière bois en Sarthe
(ressource locale : CIVAM 72).
-Etude pour le territoire des possibilités de petites unités de méthanisation à des fins d’auto-production
-Création d’une structure participative (citoyenNEs, entreprises et collectivités) de promotion, achats d’équipements et mise en oeuvre de dispositifs solaires (photo-voltaïques et thermiquess
-Soutien aux foyers s’équipant par exemple de chauffe-eau solaires ou exploitant le solaire passif, …

Mesure 4 - R4

Les constructions neuves sont portées et maintenues à 300 000 par an. Elles se font sans augmentation du parc bâti total mais visent à faire disparaître l’utilisation des passoires énergétiques en saison froide.

Commentaire : Un enjeu important est présent sur les matériaux utilisés. Des matériaux biosourcés et locaux sont à privilégier sans que cela soit quantifiable actuellement. L’utilisation de ces matériaux nécessite une appropriation par l’ensemble des acteurs : producteurs, architectes, ouvriers, artisans…

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Création d’une commission pour définir 1/ le nombre de logements neufs à construire, et 2/ les incitations conduisant les propriétaires de logements vacants à les louer ou les vendre.

Mesure 5 - R5

Interdiction de construction de nouvelles maisons individuelles, sauf habitat léger. Les constructions neuves sont exclusivement de l’habitat collectif avec une surface par habitant maximale de 30 m².

Commentaire : L’habitat collectif consomme moins au m² et permet d’envisager la mise en place de réseaux de chaleur ou la collecte des ordures ménagères pour la méthanisation. Par ailleurs, limiter l’étalement urbain permet de préserver la capacité de séquestration des sols et limite les besoins de mobilité tout en augmentant la rentabilité des commerces de proximité.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois

-Adaptation du PLUi.
-Démarche Bimby (https://www.caue-isere.org/wp-content/medias/2014/02/essentiel-bimby.pdf ) pour densifier l’urbanisation et limiter l’artificialisation des terres.

Mesure 6 - R6

Mise en application immédiate d’une diminution de 2°C de la température moyenne des logements (hors logements spécifiques nécessitant le maintien d’une température plus élevée).

Commentaire : Passer la température moyenne de 21°C à 19°C dans les logements. A noter qu’une loi sur ce sujet a déjà été mise en application lors des chocs pétroliers et a été renforcé par le décret n°2015- 1823 du 30 décembre 2015.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Campagne d’information et d’incitation locale.
-Mise à disposition gratuite par la ville de thermostats et minuteurs.

Mesure 7 - R7

En 2025, mise en place d’un couvre-feu thermique, coupure des chauffages non décarbonés entre 22h et 6h pour atteindre une température moyenne de 17°C dans les logements.

Commentaire : Sans.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Campagne d’information et d’incitation locale.
-Mise à disposition gratuite par la ville de thermostats et minuteurs.

Mesure 8 - R8

L’espace utilisé par personne doit être réduit de 20% d’ici 2030 pour passer de 40m² par personne actuellement à 32 m² par32 m personne.

Commentaire : Favoriser la cohabitation, l’intergénérationnel, le bon dimensionnement de son appartement ou de sa maison en fonction du nombre d’occupants.

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Soutenir le projets et les associations de promotion de l’habitat partagé (ex : favoriser l’accès au foncier), la colocation (ex : fonds de garantie public des loyers).
-Valorisation des projets de mutualisation d’espaces (caves, buanderie, garage à vélo, atelier, cuisines, jardins, etc.)
-Impôt dissuasif appliqué aux habitations offrant plus de 100m2/personne.

Mesure 9 - R9

Usages spécifiques de l’électricité : sobriété dans les consommations, passer progressivement de 4 à 2 kWh d’électricité par jour et par personne. Instaurer une taxation progressive pour garantir à tous l’accès au premier kWh et décourager de consommer plus de 3 à 4 kWh d’électricité par jour.

Commentaire : L’objectif est d’inciter à un arbitrage entre les usages pour les particuliers : plus de télévision ou plus de machines à laver, utilisation de la climatisation ou du matériel informatique… Un effort doit également être mené pour lisser la pointe de 19h (effacement, tarification incitative…).

Proposition d’Alternatiba Le Mans pour le PCAEED Sarthois
-Campagne d’information et d’incitation locale. (ex. défi “familles à énergie positive”).
-Création d’espaces d’usage mutualisé (ex. congélateurs, salle vidéo (jeux et films), fours…)

Effets :

L’ensemble de ces mesures sont des mesures de transition, le temps que tout le monde récupère un logement rénové, avec des dispositifs de production d’énergie renouvelable. Les restrictions s’entendent sans auto-consommation. La collectivité assure la production d’un minimum nécessaire via les réseaux centralisés et l’appoint se fait par des réseaux plus locaux ou de l’auto-consommation.

■ Les émissions directes des bâtiments passent à 12,4 Mt CO2e en 2030 auxquelles il faut ajouter 2,5 Mt CO2e pour l’amont (extraction, transport et distribution du gaz principalement)
■ Les émissions indirectes pour chauffage (électricité et réseau de chaleur) passent de 8,4 Mt CO2e à 4,3 Mt CO2e
■ Les émissions indirectes pour l’électricité spécifique passent de 7,7 Mt CO2e à 3,9 Mt CO2e, soit une division par deux de la consommation d’électricité spécifique.
■ En 2030, encore 50% du parc est constitué de bâtiments non rénovés.